Le Carnet du collectionneur Le Carnet du collectionneur

Lustin: le musée de la bière a de la bouteille

La bière belge dans tous ses états.
Quelque 25.000 verres et 35.000 bouteilles.
Et un millier de bières à la dégustation. Tournée générale?

Le moins que l’on puisse écrire, c’est que le petit musée établi à deux pas de la gare de Lustin, en bordure de Meuse namuroise, est du genre embouteillé. D’autant plus le jour de notre visite, car les responsables du lieu venaient de recevoir une collection de 2.000 canettes en métal, soit quelques dizaines de caisses en carton qui squattaient les couloirs et le petit espace faisant office de bar. « Nous sommes en train de les trier. Nous gardons tout ce qui est belge. Le reste, nous allons essayer d’en tirer un peu d’argent ». En une phrase, Christian Lejeune, a résumé l’esprit du musée et la problématique qui plombe  son développement, voire même sa survie.

 

Ici, depuis plus de 30 ans, on met en valeur une collection centrée sur la production de bière belge, y compris pour l’exportation. Avec parfois des découvertes étonnantes, à l’exemple déjà de cette « Troïka », une pils façon Cara brassée en Flandre pour le compte d’un Allemand qui l’exportait vers les USA en lui donnant une fausse image russe.

 

« Nous avons ouvert à l’époque où beaucoup de petites brasseries fermaient leurs portes et nous avons pu récupérer pas mal de choses auprès des grossistes. Maintenant, nous achetons beaucoup moins ». Mais lorsque l’occasion se présente, il s’agit de ne pas la laisser passer. Ainsi, le musée a fait l’acquisition d’une collection de 3.880 chopes en grès, dont 3.000 étrangères qui cherchent maintenant un repreneur. En attendant, tout cela prend de la place…

 

Côté muséographie, l’endroit ne fait pas dans la dentelle. On a vite l’impression de déambuler dans un dédale en suivant d’étroits couloirs dont les murs sont tapissés de bouteilles et de verres, alignés parfois sur des étagères de fortune qui font cause commune avec une fine couche de poussière. En tout, quelques 25.000 verres et 35.000 bouteilles… que l’on essaie parfois de vider pour en diminuer le poids. On vous rassure tout de suite : il y en a quand même pas mal de pleines et le choix de bières à déguster au bar – environ un millier – est lui aussi impressionnant.

 

Notre interlocuteur est intarissable. Sur l’évolution du nombre de brasseries : environ 5.000 en Belgique dans les années 1910, deux  fois moins au sortir de la Grande Guerre. Sur la fabrication des bouteilles : celles qui ont remplacé les cruches, début 1900, ont été détruites pour des raisons d’hygiène car le goulot était alvéolé et le liquide entrait en contact avec les bouchons métalliques qui finissaient par rouiller. Sur les différents types de bières et leur fabrication, brassées sur place, à façon, à étiquette…

 

Un zytohlile passionné donc, qui déborde d’idées et de projets pour assurer l’avenir de son musée, notamment en organisant des séances de dégustation. Mais il y a malheureusement le nerf de la guerre, à savoir les  maigres ressources financières de l’asbl qui ne bénéficie d’aucune aide ou subside. « C’est clair que nous mettons parfois de notre poche pour effectuer certains travaux urgents. L’entrée du musée est gratuite, notre principale, voire unique, rentrée d’argent, c’est la vente de consommations au bar ».

 

Précisons encore que le Musée lustinois organise deux fois par an une  brocante brassicole : rendez-vous le dimanche qui suit l’Ascension (le 24 mai l’an prochain) et le premier dimanche d’octobre.

 

Le musée est ouvert le week-end de 11 h à 19 h et en semaine sur rendez-vous. « Mais si le panneau renseignant l’ouverture est placé devant le musée », c’est qu’il y a quelqu’un et vous pouvez entrer. A la bonne franquette donc, et c’est ce qui fait aussi le charme de l’endroit.