Le buticulamicrophile a de la bouteille
Ce n'est ni mortel, ni même douloureux, mais c'est sans doute incurable.
Stephan Antal est atteint de buticulamicrophilie. Un mot qui vient du latin "buticula" : la bouteille, "micro" : petite, et "philie" : ce qu'on aime.
Bref, notre homme est un collectionneur de mignonnettes.
C’était le projet que le Gembloutois voulait réaliser à la pension : transformer une partie de son garage en bar, histoire d’y accueillir dignement et confortablement ses connaissances et amis. L’endroit existe bel et bien maintenant, mais il abrite aussi et surtout une collection de 5.000 mignonnettes d’alcool différentes.
Tout a commencé il y a 35 ans. Stephan était alors responsable du rayon vin dans une grande surface. A l’époque, les fournisseurs d’alcool offraient souvent une petite bouteille en forme d’échantillon à leurs détaillants.
Et le virus s’est installé assez vite. Comme souvent, famille, amis et connaissances ont vite compris ce qu’il fallait offrir à notre collectionneur quand ils avaient l’occasion de voyager. Et les petites bouteilles, toujours pleines on vous rassure, se sont entassées dans les cartons avant de venir s’exposer sur les rayonnages d’étagères, lorsque le temps est venu de réaliser le fameux bar. Elles y sont alignées par catégorie, alcools nobles et liqueurs, armagnac, cognac, genièvre, rhum, tequila, whisky, etc.
Les dernières acquisitions datent d’un récent voyage en Afrique du sud effectué en mars dernier. Lors de l’escale du retour à Adis Abeba, Stephan a eu l’occasion d’acquérir 25 mignonnettes (essentiellement du gin) qui sont venues rejoindre la grande famille.
Faute d’avoir des contacts avec d’autres collectionneurs belges, Stephan Antal est membre du « Club mignonnettes passion » basé à Knutange, en Moselle française. Le site internet du club regorge d’informations et présente aussi les collections des adhérents, dont celle du président Gildas Coic qui possède quelque 77.000 mignonnettes différentes. Encore loin du record détenu par un collectionneur américain qui en possèderait environ 120.000…
Bref, il y a encore de quoi faire pour notre collectionneur gembloutois qui s’est aussi lancé dans d’autres collections en rapport avec les boissons alcoolisées, muselets de champagne, mais aussi les capsules, cannettes de bière, les sous-bocks et les bouteilles de whisky J.B., qui sont pour la plupart exposés dans une petite pièce donnant accès au fameux bar. Notre homme est aussi fan de rock et le bar sert également d’écrin à une belle collection de vinyles, CDs, tee-shirt, casquettes et autres souvenirs musicaux.
Bon à savoir
En parfait état de conservation, une mignonnette classique âgée de plus de 10 ou 20 ans coûte entre 2 et 5 euros. Certains modèles très recherchés peuvent valoir un prix de plus de 50 euros… mais c’est très rare. La plupart des mignonnettes en état moyen proposées dans les brocantes et vide-greniers sont vendues 1 à 2 euros pièce.
Les bouteilles les plus recherchées sont celles des grandes marques d’alcool (grands whiskys, cognac, vieil armagnac, Grand Marnier…). A l’inverse, la plupart des mignonnettes de vin ou de marques d’alcool peu connues sont moins bien cotées.
Les bouteilles ayant un design plus raffiné, ou présentées en coffret, auront une valeur plus élevée. De manière générale, plus une mignonnette en bon état est ancienne, plus sa valeur augmente.
Même si une mignonnette n’a jamais été ouverte, elle a tendance à perdre de l’alcool par évaporation. Si la bouteille est pleine, sa cote est maximale. Si la bouteille est à moitié ou au 3/4 vide (sans avoir jamais été ouverte), elle perdra la moitié de sa valeur. Une mignonnette qui a été ouverte pour être bue n’a plus aucune valeur… autre que l’alcool que vous aurez dégusté.
L’étiquette doit être présente, et si possible non décollée et parfaitement lisible. La bouteille ne doit jamais avoir été ouverte, un bouchon métallique ne doit pas être descellé, un ruban de papier ne doit pas être déchiré.
Des petites maisons qui ont du Bols
KLM, la compagnie aérienne néerlandaise, distribue des maisons miniatures en céramique à ses passagers depuis 1952. Ces magnifiques miniatures sont aussi remplies de gin hollandais Bols, à base de genièvre. KLM a commencé à distribuer ses petites maisons en bleu de Delft à ses passagers de première classe, avant de les donner également aux passagers en classe affaires.
Il s’agissait au départ de contourner une injonction du comité Civil Aeronautics Board (CAB), qui régulait tous les aspects de l’aviation civile, interdisant notamment aux compagnies aériennes de donner des cadeaux à leurs passagers. KLM réussit à détourner ce règlement en facturant ses petites maisons comme « le coup de l’étrier », le dernier verre pour la route, en invoquant qu’aucune loi n’oblige à servir les boissons dans des verres.
Chaque miniature représente une authentique demeure hollandaise et certaines sont historiques, comme la maison de Rembrandt, par exemple. Ces maisons sont collectionnées non seulement aux Pays-Bas, mais à travers le monde. Il existe désormais près d’une centaine de modèles différents…